Chroniques du Itiaï
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Chroniques du Itiaï

Oyez, oyez, l'histoire du XXIVième siècle...
 
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 Sirilatie, votre Reine-Fleuve

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Sirilatie
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MessageSujet: Sirilatie, votre Reine-Fleuve   Sirilatie, votre Reine-Fleuve Icon_minitimeJeu 27 Mai - 4:51

ID CHECK :


Oyez, Oyez, la rumeur...

Prénom : Sirilatie

Surnom : la Reine-Fleuve

Age : Tout juste 18 étés.

Métier : Reine du Itiaï

Armes / Spécialité : Sa spécialité ? Avoir du sang de Roi dans les veines...

Orientation Sexuelle : Kalebosexuelle




A vous...
Votre âge IRL ? 16 ans, mais cette année est l’année de mes 17 ans !!

Comment avez-vous découvert le forum ? Bah, écoutez, j’allais de topsite en topsite et puis...

Des objections ? [CODE BON] ! =)
Votre présence /5 : 4/5 en semaine, 5/5 en week-end !
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MessageSujet: Re: Sirilatie, votre Reine-Fleuve   Sirilatie, votre Reine-Fleuve Icon_minitimeJeu 27 Mai - 4:52

Oyez, Oyez, la vérité...


Description Physique :

La première chose à retenir à propos de Sirilatie, ô mortels, c’est qu’elle mérite bien son surnom, la Reine-Fleuve.
Elle n’a beau pas être très grande, elle vous domine comme un cours d’eau domine une montagne. Elle vous domine, pas par sa taille car elle est obligée de lever les yeux vers vous, mais de tout son être. On se croirait sur le chemin d’un long fleuve qui, très calmement mais sûrement va vous engloutir dans ses flots. Vous êtes alors entièrement dominés par cette gamine.
N’avez-vous jamais observé un fleuve ? C’est beau, n’est-ce pas ? La Reine est tout aussi belle, envoûtante. Son port est royal, il est impossible d’ignorer le sang des Rois qui coule en ses veines. Elle se tient droite, rigide comme le lit d’une rivière. Elle est cependant incroyablement mince. Certains disent que son séjour au Temple lui a apprit une certaine abstinence et, malgré les mets de qualité qui se présentent à elle, elle reste aussi fragile qu’un flocon de neige. Vous vous demandez même comment elle peut tenir debout avec toute cette force et toute cette volonté, comment elle peut frapper sur la table ou même porter dans ses mains fines un dossier. Ses os se devinent sur ses bras, son visage et ses pieds souvent nus. Vous vous étonnez, vous vous moquez ? Observer un peu : sa minceur n’est pas un problème pour elle, c’est une grâce. Ne remarquez -vous pas avec quelle agilité elle exécute tous ses gestes : on dirait un félin, une créature d’un autre monde. Si elle souffrait un gramme de plus, tout l’équilibre si précieux serait brisé. Cet équilibre traduit une maîtrise de soi importante : chaque geste est pesé et réfléchi. Et par cette maîtrise, elle en impose. N’a-t-elle pas l’air royale, effrayante ainsi ancrée sur le sol, ses pieds nus dignes d’une déesse, ses mains sur les bras de son Trône ? Si, de plus, elle est belle.
C’est connu, les Reines sont belles. Sirilatie n’échappe pas à la règle. Il faut dire que sa mère était une véritable perle, une beauté d’entre les beautés. La jeune femme a des traits très fins et doux, voire rêveurs. On voit en eux la prêtresse qu’elle aurait du devenir. Elle a des pommettes hautes qui se marquent quand elle sourit. Son nez est fin et droit, son menton, pointu. Tout semble être fait pour paraître beau et parfait. Ses lèvres, aussi, des lèvres fines légèrement rosées quand elles ne sont pas peintes en bleu. Attirantes ou effrayantes, on a du mal à croire qu’elle puisse prononcer des sentences de mort quand elle murmure des mots d’amour... et l’inverse. Car il ne faut pas oublier que d’elle se dégage une espèce d’autorité qui est devenue naturelle, autorité qu’elle s’est forgée, qu’elle a gagnée et qu’elle continue d’étendre sur le reste des Itiaïens. Autorité qui surprend chez une femme aussi jeune. Eh oui, car malgré sa vie éprouvante de Souveraine, Sirilatie a un visage et un corps d’une étonnante jeunesse. Ses courbes sont à peine formées et ne seront sans doute jamais généreuses même si elles sont un peu plus marquées que celles de sa soeur, Iiray.
Mais, nous sommes en train de passer à côté de choses importantes : ses yeux, par exemple. Oui, des yeux très légèrement formés en amande, portant encore les marques de l’enfance. Des yeux d’un bleu limpide, si clairs qu’on la croirait presque aveugle. Or, ne vous y fiez pas, elle vous voit et elle vous voit très bien. Ses yeux ont souvent l’air impassibles, or elle vous observe avec attention, se fixant sur le moindre détail suspect. Ses longs cils encadrent le tout d’une jolie vague bleue plus foncée, de même ses sourcils qui contrastent sur sa peau blanche.
Peau blanche qui semble aussi douce que du satin mais aussi forte que du marbre. Elle est tellement fine que vous avez peur de la percer rien qu’en y plantant votre ongle. Expérience que vous ne ferrez évidemment pas. Le grain de la peau est si pâle qu’on dirait que sa peau n’est que neige vierge et qu’on peut deviner, sur son corps les nombreuses veines bleues qui montreraient son ‘sang royal’.
Le long de sa fine silhouette, flottent la véritable raison de son surnom : sa chevelure. Avez-vous déjà vu de tels cheveux, d’un bleu aussi profond qu’on croirait se noyer dès qu’on y a plongé le regard ? C’est une lourde chevelure qui cascade (jamais l’expression n’a jamais trouvé plus belle illustration) le long de son dos pour s’arrêter à ses reins. Quand elle était jeune prêtresse, ses cheveux la suivaient en longue traîne derrière elle, mais, lorsqu’elle est devenue Reine, elle les a sacrifiés aux Dieux pour qu’ils prennent bien soin de son père. On sent, dans la manière qu’elle a de les soigner, de les attacher en coiffures compliquées ou de les laisser libres, l’envie de les mettre en valeur comme un atout de royauté, comme une fierté. Et n’a-t-elle pas raison quand on tient son surnom de ses cheveux ? Certains disent qu’ils sont doux au toucher, mais qui en a vraiment témoigné ? Des personnes qui se taisent sans doute.

Enfin, la garde-robe de la Reine est également objet de beaucoup de convoitises. Mais il est clair que toutes ses robes sont faîtes à sa mesure et que, si une autre voulait les mettre, elle rencontrerait beaucoup moins de succès.
Effectivement, la Reine ne met, pour ainsi dire, que du bleu ou des couleur avoisinantes comme le mauve, le blanc... Elle a des tenues de cérémonies qui sont toutes des robes à crinolines bleues plus foncées et à corset souvent assez serré qui permet de rendre compte de sa frêle constitution. Souvent, dans ces temps sombres, elle met entre sa robe et son corset, une fine armure ou côte de maille pour ne pas succomber, comme son père, à un attentat.
Mais, au Château, elle ne porte ni corset ni crinoline. Elle va et vient souvent pieds nus, comme elle en avait l’habitude au Temple. Ses robes peuvent avoir des teintes plus claires et certaines ressemblent même à des kimonos. Ce qui revient souvent sont les longues manches très larges vers la fin ainsi que les bords larges, quelques fois agrémentés de traînes.
Très peu de bijoux pour la Reine, elle n’a pas les oreilles percées et porte avec grande fidélité la chaîne argentée où pend la lune barrée, symbole du Itiaï que son père lui a offerte à la mort de sa mère. Sinon, elle porte autour de son annuaire un anneau argenté également très fin, sa bague de mariage, la chose qu’elle hait le plus.

Beauté aquatique, finesse, grâce, autorité, voilà ce qu’est Sirilatie, voilà ce qu’est votre Reine.
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MessageSujet: Re: Sirilatie, votre Reine-Fleuve   Sirilatie, votre Reine-Fleuve Icon_minitimeJeu 27 Mai - 4:54

Description Psychologique :
On a souvent traité la Reine de gamine incapable. On a dit qu’elle n’était bonne qu’à en faire une prêtresse, pas une Souveraine. A présent, ils sont obligés de dire que rares sont les souverains qui ont cette carrure. On dit qu’elle est bien la digne descendante d’Hir. Et elle en est fière. Elle est fière de prouver à son père que, chaque jour, elle mérite un peu plus le sang qui coule dans ses veines et sa place à la tête de la ville.
La jeune femme a toujours été une personne très réservée. Elle n’aime pas s’afficher, se vanter, les soirées mondaines. Elle préfère la compagnie discrète des domestiques, celle réconfortante de sa soeur et celle attendrissante de son cher Kaleb. Cela lui posa des problèmes au début de son règne. Alors, elle apprit à avoir confiance en elle-même. Lentement, sa voix s’affermit, son poing se serra et ses yeux ne cherchèrent plus à fuir. Elle devint une Reine. A présent, Sirilatie a l’étoffe d’une vraie Reine, d’une Reine d'exception.
Sa principale qualité étant la générosité. Si elle pouvait donner tout ce qu’elle avait pour le Itiaï, elle le donnerait sans une once d’hésitation. Elle lui donne déjà ses nuits, toute sa force, sa passion. La jeune femme est une personne passionnée par essence. Avant, elle se jetait corps et âme dans sa vénération pour les Dieux, maintenant, elle se jette aveuglément dans le sauvetage de la ville. Sa passion, dès fois, peut s’avérer néfaste. Quand la Ligne fut tracée pour séparer en deux la ville, elle eut l’impression d’être elle-même coupée en deux.
Rêve de petite fille ou de Reine lucide, Sirilatie voudrait rétablir la paix et l’ordre sur le Itiaï pour que plus personne ne soit malheureux. Elle voudrait arrêter d’avoir peur pour son peuple et enrage de ne rien pouvoir faire de plus concret pour arrêter ces morts, ces conflits, cette Ligne.
Un autre trait essentiel de la Reine : l’autorité. Elle dégage un tel sentiment de puissance et d’autorité, qu’on a plus qu’une seule envie, s’agenouiller et obéir. Cependant, c’est à se demander si elle est consciente de son pouvoir sur les autres car elle n’en abuse jamais. Jamais, elle ne se montre cruelle ou despote. Il faut dire qu’elle est la digne fille de son père, Hir. Il lui a apprit, dès son plus jeune âge que la principale qualité d’un Souverain est la Justice. C’est sa plus grande valeur, la Justice. Elle s’efforce de peser toutes ses décisions dans cette balance divine avant de la soumettre. Elle est souvent tourmentée des nuits entières pour savoir si ce qu’elle fait est juste.
Justice et ouverture d’esprit. La Reine accepte de se remettre en question. Pas en public, mais quand elle parle à son Vizir, elle peut lui demander si elle n’aurait pas mieux fait d’agir autrement, de dire autre chose. Elle sait qu’elle peut se tromper, elle est consciente de son jeune âge... Mais elle n’aime pas revenir sur ses actes, ses promesses, ses principes. Si elle a fait une erreur, elle préfère en assumer les conséquences jusqu’au bout plutôt que de revenir en arrière.
La rancune est aussi un de ses défauts. Pardonner, il faut pardonner, lui disait sa mère. Mais voilà, aller en face de son ennemi en étant convaincu qu’on a raison et s’excuser est une choses très dure, voire impossible pour elle. Si elle a agi ainsi, pour faire en sorte d’avoir à s’excuser, c’est qu’il y avait une raison et elle ne veut pas revenir sur cette raison. Elle peut pardonner des fautes mineures à ses proches mais, par exemple, elle sait qu’elle aura du mal à pardonner les membres de l’Opposition se rendant. Elle a conscience de son défaut, mais le corriger est beaucoup moins facile.
Curiosité et intelligence sont deux atouts de la jeune femme. Elle aime apprendre, découvrir, chercher à comprendre. Elle a essayé d’apprendre à se battre, sans succès, soit, mais elle sait la manière dont on tient une arme, dont on tire...Elle est passionnée par les fleurs qui, hélas pour elle, ne poussent pas ici. Elle adore également écrire, quand elle en a le temps.
D’une douceur sans égale, Sirilatie a un certain instinct maternel envers... quasiment tout le monde... Envers sa soeur aînée qu’elle réprimande pour le désordre dans sa chambre, envers son Vizir, envers son peuple, envers ses domestiques, même envers ses ennemis qu’elle voit un peu comme des enfants qu’il faut réprimander. La jeune femme s’énerve rarement. Elle a une voix calme et douce, des gestes posés, rien en elle n’exprime l’agressivité ou la colère. Ce qui peut en exaspérer beaucoup.
Enfin, la jeune femme est amoureuse. Parfaitement, elle ne va pas crier sur tous les toits qu’elle aime, car son amour est interdit mais aussi parce qu’elle se contente tout simplement d’être avec l’être aimé. Elle fait bien la différence entre son Vizir, l’homme qui l’aide à diriger le Itiaï et son amant, l’homme qu’elle retrouve tous les soirs dans le jardin ou dans sa chambre. Cependant, elle l’aime d’un amour véritable, pur et dénué d’intentions. C’est trop beau pour être vrai, non ? Mais quand vous êtes Reine et que votre Chevalier, Vizir et homme-lige est à vos pieds, comment voulez-vous salir cet amour ?
Mais faîtes attention : une grave erreur qui a déjà coûté la vie à beaucoup fut de la sous-estimer. Car la jeune femme peut se mettre en colère. Elle peut taper du poing sur la table, elle peut prononcer des sentences de mort, elle peut ordonner l’interrogatoire et la torture. Et ses colères sont pour le moins impressionnantes. Non, elles ne sont pas explosives comme les colères-volcans de son père, Hir, elles sont... glaciales. Tout le visage de Sirilatie devient gelé et impassible. Elle se montre alors incroyablement fière et impassible. Les mots qu’elle murmure en sifflant sont presque superflus quand elle dit «Je suis en colère, très en colère, mon cher...». Et là, c’est à vous de marcher sans glisser sur ce fleuve gelé.

La Reine-Enfant est un souvenir lointain, à présent, vous avez une Reine-Fleuve qui est bien décidée à honorer son peuple et son poste comme il se doit. Inclinez-vous ou rejoignez le clan ennemi.


But / Objectif : Sirilatie, comme toute bonne Reine, rêve que le Itiaï devienne un lieu de paradis où chacun puisse avoir de quoi manger, boire et un toit sur sa tête. Elle rêve du bonheur et de la paix sur sa ville. Puis personnellement, elle rêve follement de pouvoir chasser son mari du pouvoir pour y installer son amant, Kaleb...

Peurs : Sirilatie a bien sûr des peurs profondément ancrées : elle a peur de perdre ceux qu’elle aime, peur d’échouer à régner avec autant de succès que son père... Elle a peur de décevoir.
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MessageSujet: Re: Sirilatie, votre Reine-Fleuve   Sirilatie, votre Reine-Fleuve Icon_minitimeJeu 27 Mai - 4:57

  • Oyez, Oyez, ce qui fait peur...

    Famille / Liens : Etant Reine, Sirilatie a des liens avec son peuple entier, chacun de ses domestiques, les Opposants, mais plus particulièrement, elle est la soeur d’Iiray, le général de la Garde, femme du Roi Cilinör et amante de son Vizir, Kaleb.


    Histoire : [color=darkred]


    Chapitre Premier :

    Je suis sûr que c’est une petite fille qui se trouve là-dedans ! déclara Hir en montrant le ventre gonflé de sa femme.
    - N’importe quoi, mon amour, c’est un petit garçon, c’est ton successeur ! contredit Alébra.

    Le couple Royal partageait un rare instant d’intimité dans le Jardin, assis sur le manteau du Roi. Plus loin, Iiray, qui avait à peine 5 ans, se battait contre un soldat de son père qui faisait deux bons mètres. Mais, sans peur, elle se jetait contre lui en essayant de le renverser avec ses petits poings.

    Hir, il te faut un héritier mâle pour te succéder...
    Pourquoi pas une fille ? Regarde Iiray ! Elle est déjà assez forte et volontaire pour se battre avec bien plus fort qu’elle... Et puis, ma grand-mère a régné seule pendant plus de 20 ans et Itiaï respirait la paix.
    Hir, si cet enfant est une fille, je la dédirai aux Dieux. Tu m’as retirée du Temple pour m’épouser et faire de moi ta Reine. Il faut mettre les Dieux de notre côté.
    Tu sais ce que j’en pense, Alébra, soupira Hir.
    Parfaitement, je...

    Soudain, la Reine fut prise d’une violente douleur au ventre. Elle se mordit la lèvre pour retenir un cri de douleur. Son mari se précipita à son aide. Il appela le soldat en souriant :

    Koor ! Préviens le médecin tout de suite ! L’héritier du Trône arrive !

    Le soldat s’inclina et partit en courant. Iiray, irritée que son compagnon de jeu prenne la fuite comme ça s’approcha de son père, l’air victorieux :

    T’as vu, papa ? Je l’ai fais fuir rien qu’en lui montrant les dents !
    C’est bien, mon ange, t’es une guerrière hors-pair ! Et maintenant, tu vas avoir un autre compagnon de jeu ! fit Hir.
    Ce sera un petit frère ? s’enquérit Iiray. Je voudrais avoir un frère. Comme ça, je pourrais l’entraîner à devenir aussi redoutable que moi !
    Ah, ça, mon ange, je ne pourrais pas te le garantir. Va, va prévenir les autres, j’emmène maman dans sa chambre...

    L’accouchement fut long et douloureux. Alébra perdit beaucoup de sang et de forces. Les médecins se succédaient avec les sages-femmes pour soulager sa douleur. Hir faisait les cent pas avec les oracles, les Neuf Sages et tous les domestiques dehors. Iiray regardait, incrédule le visage sombre de son père.
    Vers la tombée de la nuit, la porte s’ouvrit enfin. Une vieille sage-femme ouvrit la porte, attirant ainsi tous les regards vers elle. Elle déclara avec un sourire :

    C’est une jolie petite fille !

    Des murmures et des cris de joie emplirent le couloir et Hir se précipita dans la chambre royale.

    Bon, alors je jouerais à la princesse et au chevalier avec elle, déclara Iiray.

    Le Roi à la Crinière rouge reçut avec soulagement le petit corps chaud de sa fille dans ses grosses mains bourrues. Le petit duvet en haut de son crâne était bleu, le faisant sourire. Elle criait à peine, semblant trop faible. Il jeta un regard à sa femme qui, dans son épuisement ne put que dire :

    Tu avais raison...

    Hir lui sourit et se tourna à nouveau vers l’enfant. Il déclara alors :

    On l’appellera Sirilatie.

    Sirilatie veut dire «fleuve gelé».

    Chapitre Second :

    C’était une belle journée d’été. Il neigeait un peu moins sur le Itiaï, permettant aux deux princesses de sortir dans le jardin, sous l’oeil vigilant de leurs parents et des Neuf Sages. Elles jouaient avec Liam, une petite fille moins âgée qu’elles qu’Hir avait trouvée sur les escaliers menant à la Cour. Pris de pitié pour l’enfant habillée de haillons, il l’avait prise dans ses bras et l’avait assignée comme «compagne de jeu des princesses». Elle disait s’appeler Liam et s’entendait à merveille avec les princesses qui la traitaient comme leur soeur. Alébra n’avait pas été très contente au début puis, elle s’était laissé convaincre par son mari.
    Mais aujourd’hui, ce n’était pas de Liam dont il était question...

    Hir, les Sages sont d’accord avec moi : il faut que notre fille se consacre aux Dieux. Cela fait trop longtemps que du sang royal leur a été donné. Ils vont finir par déchaîner leur colère sur nous !
    Je n’y crois pas. Les Dieux n’ont pas besoin d’une prêtresse pour entendre nos prières et se rendre compte de la ferveur de notre foi. Regardez, regardez-la, elle s’amuse avec des enfants de son âge, elle est heureuse, voudriez-vous lui retirer son bonheur ?
    - Hir, soit un peu compréhensif ! protesta Alébra.
    - Mon Roi, si je puis me permettre, fit un Sage, la Reine a raison. Nous devrions placer Sirilatie dans le Temple, ainsi, elle pourra se consacrer aux Dieux. Elle deviendra sans doute une prêtresse très puissante qui entrera un jour en communion directe avec les Dieux. Il me semble que votre aînée, Iiray serait parfaitement apte à prendre les rennes du pouvoir.

    Hir regarda Iiray se faire mal en tombant. Il ne bougea pas et laissa Sirilatie venir à son secours pour humidifier la plaie avec de la neige et lui faire la leçon parce qu’elle était trop «casse-cou». Il eut un sourire attendri :

    - Si vous faîtes cela, ce sera sans mon accord, fit-il durement aux Sages.

    Puis, il alla à la hauteur de ses enfants et ébouriffa les cheveux de ses filles avant de s’enquérir de la blessure d’Iiray. Alébra soupira de désespoir. Quand son mari voudrait-il l’écouter ? Elle avait été une grande prêtresse avant que son amour pour lui ne la fasse renoncer aux Dieux. A présent, elle voulait réparer cette erreur, mais celui-ci ne semblait pas disposé à l’aider. Un des Sages mit sa main sur son épaule et lui chuchota :

    - Nous ne sommes pas obligés d’avoir son consentement... Vous êtes Reine, vous avez le droit de faire ce qui vous semble juste ! Honorez les Dieux ! Ils vous le rendront !
    - Vous avez sûrement raison, fit Alébra après un temps de réflexion.

    La nuit tombait sur le Itiaï. Hir borda et embrassa une dernière fois ses filles avec tendresse avant d’aller se coucher auprès de sa femme. Celle-ci l’accueillit avec un grand sourire et le prit dans ses bras. Il l’embrassa et ils roulèrent dans les draps...
    Pendant ce temps, neuf silhouettes en robes blanches se déplaçaient dans le couloir sombre. Ils s’arrêtèrent devant une porte et l’ouvrirent, elle n’était pas fermée à clé.
    Sirilatie eut à peine le temps de crier quand trois paires de mains se saisirent d’elle. Ils la bâillonnèrent et sortirent de la chambre, la fermant à clé, laissant Iiray et Liam crier désespérément pour qu’on leur rende leur soeur, impuissantes.
    Quand Hir apprit que sa fille cadette avait été enlevée pendant la nuit, alors qu’il accomplissait ses devoirs conjugaux et que sa fille aînée avait été enfermée toute la nuit dans sa chambre, criant au désespoir, cherchant à enfoncer la porte, sa colère fut terrible ! Il faillit tuer un des Sages et frapper sa femme ! Comment avait-on pu faire ça ?!

    - On me traite d’animal peu civilisé mais comment avez-vous osé enlever une enfant à son père au beau milieu de la nuit comme des voleurs, sous les yeux de sa soeur ? Même les pires des animaux ne font pas cela ! N’avez-vous aucune idée du respect ?! De la civilisation ?! Vous auriez pu faire ça de plein jour ! Je n’aurais pas été heureux, mais je ne me serais pas mit en colère ainsi !
    - Calme-toi, chéri, fit Alébra, elle est saine et sauve, au Temple, ils s’occuperont bien d’elle là-bas !

    Hir jeta un regard plein de haine à sa femme et se détourna, gardant son épée au poing, tremblant de rage. Iiray le suivit en tirant la langue aux Sages, traînant Liam après elle.

    - C’était ce qu’il y avait de mieux à faire, assura un des Sages à la Reine.

    Pendant une semaine, Hir monta la garde toute la nuit dans la chambre de ses filles, de peur qu’on lui enlève celles qui lui restaient.

    Pendant ce temps, la jeune Sirilatie se faisait à son sort. On lui avait mit une robe blanche de jeune prêtresse et elle dormait avec deux autres jeunes filles sur des paillasses. Elle apprenait toutes les prières, les histoires des Dieux. Elle ne mangeait que deux fois par jour et devait assurer les taches ménagères avec ses compagnes.
    Au début, elle avait beaucoup pleuré, elle avait crié et avait demandé où était sa famille. Puis, on lui avait dit que c’était eux qui voulaient qu’elle soit là, alors elle s’était calmée et s’était résignée à son sort. Elle était même une prêtresse assidue et vive d’esprit pour son jeune âge. Elle ne parlait pas beaucoup et ne se liait pas beaucoup d’amitié avec les autres qui préféraient se tenir à l’écart de la fille qui avait du sang royal.

    Quelques semaines après, sa mère vint lui rendre visite, très souriante, joyeuse. Elle lui apportait Liam pour qu’elle puisse continuer à être sa compagne de jeu. Mais aucune nouvelle d’Hir ou d’Iiray.
    La vie reprit son cours comme elle pouvait.



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MessageSujet: Re: Sirilatie, votre Reine-Fleuve   Sirilatie, votre Reine-Fleuve Icon_minitimeJeu 27 Mai - 4:58

  • Chapitre Troisième :

    Cette fois-ci, ce fut Hir, son père, qui lui rendit visite. Pas d’Iiray, pas d’Alébra, pas de Sages, il était seul, dans son armure encore tachée de sang séché. Il attendait dans le couloir qu’on appelle sa fille.
    Celle-ci se présenta dans toute la grâce de ses 13 ans. Elle était vêtue d’une longue robe de jeune prêtresse blanche qui soulignait avec élégance ses cheveux bleus. Elle apparut, comme un ange, avec un grand sourire dans la lumière éblouissante de midi. Liam la suivait discrètement. Hir lui rendit son sourire et lui tendit ses deux poings fermés :

    - Lequel ? fit-il malicieusement.

    Sirilatie fronça les sourcils et regarda attentivement les deux mains. L’une était couverte de sang, l’autre était intacte. Elle tapa glorieusement la main couverte de sang. Hir l’ouvrit en souriant :

    - Il est pour toi, fit-il.

    Dans sa main trempée de sang, se tenait une jolie chaîne en argent à laquelle pendait un pendentif en forme de lune barrée, le symbole du Itiaï. Elle le prit entre ses propres mains, les tachant de sang.

    - Merci, papa, murmura-t-elle.

    Il lui ébouriffa tendrement les cheveux :

    - C’est ta récompense : tu as su trouver la beauté au milieu du sang et de la destruction, tu ne t’es pas laissé berner par les apparences... Ce bijou est ta récompense.
    - Il ressemble à celui que maman portait...
    - C’était le sien.

    Sirilatie releva vivement la tête vers son père. Il planta ses yeux dans les siens. Elle ne détourna pas le regard. Elle hocha doucement la tête. Sa mère était morte. Il la rassura :

    - Elle est morte vite. C’était un poison fulgurant.
    - Elle ne méritait pas de souffrir.

    Il lui fit signe de le suivre dans la cour où ils marchèrent un moment. Hir regarda les pieds nus de sa fille dans la neige avec désapprobation mais ne dit rien :

    - Tu te plais bien ici ? demanda-t-il.
    - Oui, fit-elle, oui, Liam est avec moi et tout va bien. Bientôt, je pourrais passer le rite d’initiation pour être une vraie prêtresse.
    - C’est bien. Félicitations.
    - Et, tout va bien au Château ? demanda-t-elle.
    - Il y a des réticents à mon pouvoir mais tout va bien. Iiray est en train de s’entraîner pour devenir général de la Garde.
    - Je pense souvent à elle.
    - Elle parle souvent de toi aussi. Elle a voulu brûler le Temple dès qu’elle a su allumer une torche.

    Sirilatie rit un peu. Un chevalier arriva soudain à leur hauteur, tenant le cheval du Roi par les rennes :

    - Sans vouloir vous importuner, mon Roi, mais les Sages vous attendent pour l’enterrement, fit-il.

    Son regard se posa sur Sirilatie. Il baissa immédiatement les yeux et la jeune fille ne put s’empêcher de rougir un peu. Hir eut un pauvre sourire :

    - Excuse-le, Kaleb est un peu trop fougueux. Je ne veux pas que tu assistes à l’enterrement, ce n’est pas que je ne croie pas en ta force, mais j’ai peur qu’on te rôde autour. Reste-là pour le moment, ça vaut mieux, je reviendrai.

    Il sauta sur son cheval et avant de partir, il planta à nouveau son regard dans celui de sa fille :

    - Sirilatie. Tu es forte. Peut-être même plus que moi. Utilise cette force.

    Puis, il partit, la laissant plantée là. Elle rentra en courant au Temple. Elle n’a pas versé une larme pour sa mère, en revanche, elle porte toujours son pendentif.



    Chapitre Quatrième :

    Deux années avaient passé. A présent, Sirilatie portait une robe blanche ornée de bordures dorées. Elle était prêtresse, une excellente prêtresse très proche des Dieux. Elle ne voyait plus sa vie autrement que dans le Temple en compagnie de Liam.
    Mais une autre visite bouleversa sa vie, à tout jamais.
    C’était une autre visite en armure ensanglantée. Le sang était plus frais et c’était une femme en armure. Une femme aux yeux rouges d’avoir pleuré. Sirilatie se rendit à nouveau dans le couloir, espérant que se soit une autre visite de son père. Elle fut un peu déçue quand elle vit une femme, mais alors, il ne lui fut plus possible de douter. Un grand sourire illumina son visage :

    - Iiray, est-ce bien toi, ma soeur ?!

    Elle courut jusque dans ses bras. Iiray, sans un mot, prit le corps frêle de sa soeur dans ses bras en armure et la serra si fort qu’elle crut lui briser les côtes. Elle lui murmura à l’oreille :

    - Père est mort. Une flèche des Opposants.

    Sirilatie se détacha de son étreinte et la regarda droit dans les yeux. Décidément, ne venait-on la voir que pour des décès ? Elle se retourna et, sur une impulsion soudaine, courut. Tout le monde crut qu’elle allait pleurer dans sa chambre, mais quand Liam s’y rendit pour la réconforter, elle n’y était pas. La panique fut générale et Iiray dut crier de sa plus forte voix pour obtenir le silence :

    - Arrêtez de jacasser comme des poules ! J’vais la retrouver ! C’est ma soeur, elle ne peut pas m’échapper ! Restez ici à prier puisque vous ne savez rien faire d’autre, moi je vais la retrouver.

    Elle partit sans son cheval.

    La neige sous ses pieds lui semblait brûlante. Sa poitrine était en feu à cause de l’air frais. Ses cheveux lui fouettaient le visage et les bras. Sa respiration était haletante. Sirilatie fuyait. Elle ne savait pas où elle courait ni depuis combien de temps et quand elle déciderait de s’arrêter, mais pour l’instant, elle courrait. Elle courrait pour fuir le mot «jamais», elle fuyait la réalité trop dure pour une jeune fille de 15 ans, elle fuyait ce monde qui semblait l’appeler. Elle ne voulait pas ! Non ! Pas son père ! Il lui avait semblé si fort, si robuste, si tout puissant ! Comment pouvait-il succomber à une flèche ?! Il n’avait pas le droit ! Oh, elle se sentait si seule ! Si seulement elle pouvait vraiment avoir la force que lui concédait son père !
    Deux bras se nouèrent autour de sa taille, arrêtant sa course brutalement. Sirilatie tomba à la renverse avec sa soeur. Celle-ci lui immobilisa les poignets avec force et joua de son poids pour l’empêcher de bouger. La jeune fille se débattit mais elle n’était pas assez forte. Elle se rendit finalement :

    - Sirilatie ! Tu ne peux pas passer tes jours dans un Temple ! Tu es princesse ! Le sang du Roi court dans tes veines ! Viens avec Liam ! Je t’enlève s’il le faut ! C’est.. c’est père... avant de mourir, il m’a dit... Il m’a dit ça : «Après le Roi à la Crinière rouge, la Reine-Fleuve doit prendre le pouvoir.» C’est toi ! Tu dois être Reine ! Tu es la Reine-Fleuve ! Honore ton nom et lève-toi !

    Iiray se leva et tendit sa main à sa soeur. Celle-ci secoua négativement la tête et resta assise dans la neige :

    - Non ! Il faut que TU prennes le pouvoir ! C’est toi que père veut, tu es forte, tu es comme lui ! protesta-t-elle, reprenant doucement son souffle.
    - Sirilatie, ma soeur. Je suis forte sur un champ de bataille avec une arme à la main. Devant les Sages, je deviens un agneau docile. Père le savait et ne le voulait pas. Je serais le général de ta Garde, je serais même ta femme-lige si tu le désires, je serais toujours ta soeur, je serais la personne qui se tient à tes côtés quoiqu’il arrive et alors que tes ennemis te cerneront, il y aura toujours une personne pour te défendre contre la Terre entière. Cette personne ce sera moi, ma Reine, ma soeur...

    Elles échangèrent un long regard. Iiray tendit à nouveau sa main. Cette fois-ci, la fine main de Sirilatie la saisit. Sa soeur la releva et lui sourit.

    - - Regarde, tu n’as même pas pleuré ! Moi, j’ai pleuré depuis la minute où son corps est tombé dans mes bras...

    Une petite salle circulaire entourée de miroirs.
    Iiray se tenait, adossée contre le mur, les bras croisés, son regard dur, comme si elle ordonnait à ses hommes de se jeter corps et âmes dans une mission suicide :

    - Afin d’être Reine, il te faut renoncer à ta place de prêtresse, tout comme mère l’a fait.

    D’un geste elle fit signe à Liam de lui retirer sa robe de prêtresse, la laissant nue à leurs yeux. Sirilatie essaya de se couvrir de ses mains mais il y avait tant de chair et aussi peu de mains...
    La porte s’ouvrit violemment sur un chevalier qui n’était pas inconnu :

    - Mon général ! Il faudrait donner cela à la Reine, c’est une plainte urgente pour...

    Sirilatie se sentit entièrement rougir quand le regard de Kaleb se posa sur elle. Elle le surpris à rougir lui aussi. Iiray fit d’une voix énervée :

    - Bon, bon, vous voyez très bien que la Reine se change, espèce de pervers, vous avez très bien programmé votre entrée ! Laissez le dossier dans le Bureau et on s’en occupera !

    Kaleb s’excusa bassement et sortit aussi vite qu’il put. Sirilatie se remit à respirer et Iiray partit dans un accès de rire incontrôlable :

    - Ahahahaha, je l’adore, qu’est-ce que je l’adore ! Le pauvre ! Hum, bref... En tout cas, pour le corps de petite fille, on repassera, vu sa réaction...
    - Pouvons-nous passer à un autre sujet ? demanda Sirilatie, affreusement gênée.
    -Parfaitement. Iiray lui lança une robe-tunique bleu ciel. Et tu dois renoncer à ta vie de jeune fille avec tout ces attributs...

    Iiray tendit une paire de ciseaux à Liam. La suivante la saisit un peu contre son grès. Sirilatie eut envie de s’enfuir en courant. Elle jeta un regard horrifié à sa soeur. Iiray fit signe à Liam d'exécuter ses ordres. Celle-ci, les mains tremblantes, coupa donc les cheveux de sa maîtresse jusqu’en bas de sa taille. Sirilatie se mordit la lèvre inférieure pour ne pas pleurer la perte de sa plus grande fierté : ses cheveux qui traînaient au sol.

    - Ils seront offerts en sacrifice aux Dieux, fit Iiray pour la rassurer. Tu dois être Reine, ton corps doit se plier aux exigences de ta fonction.
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MessageSujet: Re: Sirilatie, votre Reine-Fleuve   Sirilatie, votre Reine-Fleuve Icon_minitimeJeu 27 Mai - 5:01

  • Chapitre Cinquième :

    Avant tout couronnement, il devait y avoir un mariage. On ne pouvait couronner qu’un couple. Et, étant Reine, Sirilatie ne pouvait bien sûr pas choisir son mari. De toutes manières, elle ne connaissait aucun homme. Mis à part Kaleb, mais il était hors de question qu’elle se marie avec un chevalier qui n’a aucun sang royal.
    Elle avait donc laissé les Neuf Sages choisir à sa place. Elle allait rencontrer son mari en face de l’autel, quand elle ne pourrait plus fuir.
    Le mariage royal était bien plus structuré que la plupart des mariages : les deux époux devaient faire chacun douze pas sur des tapis blancs, derrière leur frère ou parent le plus proche. Après ces douze pas, ils se ferraient face à l’autel, et leurs mains seraient liées et bénites. Puis, viendrait l’échange des anneaux, le tout accompagné de beaucoup de prières.
    Ensuite, ils iraient au couronnement sans plus attendre.

    C’est pour cela que Sirilatie avait l’air de tout, sauf d’une future mariée. Il fallait dire qu’elle était vraiment imposante dans sa robe de cérémonie. C’était une robe à modèle unique créée sur mesure : une robe à crinoline d’un bleu très foncé. Le décolleté laissait voir des formes encore en formation et ses longues et larges manches laissaient ses mains, dénuées de tout bijou libres. Derrière sa robe, partant du bas du cou, neuf branches de métal recourbées en griffes passaient jusqu’en haut de sa tête, tenant ainsi le voile de gaze bleuté qui couvrait son visage pour le mariage.
    Iiray, juste devant elle, chantonnait une chanson de guerre dans laquelle il était question de castrer un ennemi puis de lui faire manger ses entrailles. Les Neuf Sages entamaient la première prière aux Dieux.

    - Est-ce que tu le vois ? souffla Sirilatie à sa soeur.
    - Pas encore, mais son frangin est pas mal, alors il y a des chances que les Vieux t’aient trouvé un canon !
    - Iiray ! protesta Sirilatie.
    - En revanche, méfie-toi des bellâtres, ça te chante la sérénade trois jours d’affilée et après ça va dormir avec la première pute venue.
    - On ne me demande pas de l’aimer, après tout... Juste de me marier avec lui, fit tristement la future Reine.
    - Pas faux, concéda Iiray.

    Les douze pas se firent dans un long silence de mort. Le vent se leva pendant la cérémonie et les deux boucliers humains qui masquaient les futurs mariés l’un à l’autre s’écartèrent.
    Sirliatie eut un choc. Son mari... il était... brûlé. Là, le long de sa joue s’étendait la marque d’une brûlure qui n’allait jamais cicatriser. Après le premier mouvement de dégoût, qu’il dut bien entendu noter, elle se prit à une sorte de compassion : comment cela lui était-il arrivé ? Il leva les mains qui étaient elles-aussi brûlées. Elle posa ses mains fines dedans et un Sage les lia avec un ruban de couleur bleue tandis qu’un autre les bénissaient. Puis, ils déchirèrent le lien et le laissèrent s’en aller aux vents. Il commença à réciter ses voeux :

    - Soyez ma lumière quand le soleil sera tombé dans l’Océan, soyez ma raison, quand la folie me cernera, soyez mon garde-fou et le vide, soyez le poison et le contre-poison, soyez la lame et le baume, soyez ma femme, la douce torture de mon âme et la grande salvatrice de mon être.
    - Soyez mon ombre que le soleil m'aveuglera, soyez ma folie quand la raison me troublera, soyez ma vie et ma mort, soyez le début de toute choses et leur fin, soyez mon prophète et mon conteur de belles histoires, soyez mon bourreau et mon père, soyez mon mari, la douce torture de mon âme et le grand sauveur de mon être.

    Liam apporta un plateau avec les anneaux de mariage, réponse aux voeux hésitants qu’ils venaient de se faire. L’homme en face d’elle prit le fin anneau argenté et le lui glissa à l’annuaire. La jeune femme ferma un instant les yeux et inspira. Il venait de la lier à lui, à présent, c’était à elle de le lier à elle. A un homme qu’elle ne connaissait même pas... Elle saisit le lourd anneau doré et, hésitante, elle le glissa à l’annuaire de son mari.
    Liam pleura, Iiray bailla d’ennui, les Sages récitèrent une prière...

    - Bon, on passe au couronnement, maintenant ? demanda avec impatience le général. C’est pas que ça m’ennuie tout ça, mais le peuple est réuni depuis déjà une heure en bas, faudrait pas qu’ça dure trois heures non plus.

    Les Sages la regardèrent, choqués. Le frère du futur Roi éclata de rire et fit une tape amicale sur l’épaule d’Iiray :

    - Je vous adore déjà, belle-soeur ! Je vous adore !

    Ils se dirigèrent donc dans un long dédale de couloirs jusqu’au balcon qui dominait la Cour où Sirilatie prendrait la responsabilité de toute la ville. C’était une bonne chose, d’un côté, de précipiter les cérémonies : elle n’avait pas du tout envie de se retrouver face à face avec son mari, tout en sachant qu’elle avait des devoirs conjugaux envers un inconnu plus âgé qu’elle.
    Liam lui retira son voile et faillit essuyer ses larmes dessus. Au détour d’un couloir, son mari lui chuchota à l’oreille :

    - Je suis Cilinör.
    - Sirilatie, répondit-elle.

    Puis, ce fut tout.
    Ils arrivèrent enfin devant la porte qui allait les conduire au balcon. Les Neuf Sages se positionnèrent en ordre pour sortir. Cilinör prit la main de sa nouvelle femme. Celle-ci se tendit entièrement. Liam resta derrière sa maîtresse, comme à son habitude et Iiray se mit à sa droite.
    Lorsque la porte s’ouvrit sur les Sages, les acclamations de la foule parvinrent avec un étrange accent aux oreilles de la future Reine. Etait-ce elle ou... les clameurs avaient une note de cruauté, comme une foule qui s’apprête à assister à une mise à mort. Elle serra plus fort la main de son mari. Un petit sourire traversa les lèvres de l’homme. Ce fut lui qui la poussa en avant pour qu’elle marche à son sort.
    Dès qu’elle entra sur le balcon supérieur, deux choses la marquèrent. La foule se mit à acclamer plus fort quand sa silhouette bleue apparut à leurs yeux. Mais aussi... le balcon, qui se situait à une cinquantaine de mètres, n’avait strictement aucun garde-fou. Sirilatie se figea sur place une fraction de seconde, se demandant si elle ne devait pas fuir, courir à nouveau très loin, là où personne ne pourrait jamais la trouver. Si elle se défigurait, peut-être...
    Les Neuf Sages s’approchèrent et deux d’entre eux se détachèrent du groupe tandis que les autres chantaient une prière aux Dieux. Le Roi prit une fine couronne argentée du coussin de velours rouge où elle était posée. Il la souleva au-dessus des cheveux bleus et la regarda droit dans les yeux. Elle fit tout son possible pour ne pas ciller :

    Au nom de la ville, du peuple et des Dieux, j’accepte le pouvoir que vous me donnez et je saurais m’en montrer digne ou mettrais fin à mes jours dans l’heure fit-elle de sa voix la plus assurée.

    Le Itiaï n’était pas une ville où les Rois se prélassaient dans de beaux fauteuils en laissant leur ville mourir de faim. Jusque là, chaque souverain s’était montré fort et digne du pouvoir. Ceux qui traversaient une famine ou un hiver plus rude mettaient fin à leur jours en espérant que leur successeur soit plus digne qu’eux. La loi était dure pour les Rois. Sirilatie devrait apprendre à s’endurcir. Il posa doucement la couronne sur ses cheveux. Elle semblait être si lourde. La nouvelle Reine releva le menton, fière.
    Les acclamations fusèrent. On scandait son nom...
    Elle prit l’épaisse couronne d’or que le Sage lui tendait et dut se mettre sur la pointe des pieds pour la soulever au-dessus de la tête de son mari. C’était humiliant.

    - Au nom de la ville, du peuple et des Dieux, j’accepte le pouvoir que vous me donnez et je saurais m’en montrer digne ou mettrais fin à mes jours dans l’heure.

    Quelque chose lui déplaisait dans sa voix. Trop de suffisance sans doute. Elle préféra ignorer ce mauvais sentiment et posa la couronne sur ses cheveux noirs. Les acclamations furent moins enthousiastes.

    Sirilatie aidait Liam à la déshabiller. Elle parlait d’une voix rêveuse, presque tremblante :

    - Mariée et Reine à 15 ans. Les Dieux avaient-ils prévu ce sort si cruel quand ils m’ont façonnée ? Etait-ce donc cela, la volonté des Dieux ? Leur rendais-je donc un si mauvais culte ?
    - Non, non, votre culte était parfait, Sirilatie. Ils ont peut-être justement voulu qu’une personne pieuse telle que vous montre l’exemple à la Ville.
    - J’espère...

    Elle enfila une légère robe bleu foncé et quitta sa suivante en l’embrassant sur les deux joues. Ce qui l’attendait était un tournant bien plus grand.
    La jeune Reine se glissa dans les draps où son mari était déjà. Elle remonta les couvertures sur ses épaules. Il lui faisait dos. La jeune femme baissa les yeux : était-il question d’honorer le mariage cette nuit ? Peut-être était-il trop fatigué... Elle murmura :

    - Cilinör, devons-nous.... ?

    Elle était incapable de nommer la chose. Il grommela et fit plus clairement :

    - Nous devons régner demain, pour cela il faut que je me repose, je n’ai pas de temps à perdre avec une enfant inexpérimentée et en chaleur...

    Jamais, au grand jamais on ne l’avait traitée ainsi ! Elle rabattit les couvertures et sortit du lit. Il se tourna vers elle, surpris :

    - Sirilatie, que faîtes-vous donc ?!
    - Je n’ai pas de temps à perdre avec la bûche qui me sert de mari ! fit-elle, cachant du mieux possible sa colère.

    Elle se rendit timidement dans la chambre de sa soeur. Celle-ci était en train de se changer. Elle accueillit sa cadette avec chaleur et éclata de rire quand elle lui raconta ses mésaventures conjugales :

    - Tous les couples ne peuvent pas être aussi passionnés que celui que formaient maman et papa. Et puis, si tu veux mon avis, il doit être impuissant !
    - Impuissant ? demanda Sirilatie, naïve.
    - C’est à dire qu’il ne peut pas faire l’amour, lui expliqua-t-elle.
    - Mais... Mais alors, comment vais-je avoir un héritier ? demanda Sirilatie, inquiète.
    - Ah ça... J’ai bien peur qu’il faille trouver un amant, je crois bien ! Mais, maintenant, au lit, ma Reine !

    Elles se glissèrent toutes les deux dans les couvertures, les bras d’Iiray autour de Sirilatie, cette nuit-là, elle ne laisserait personne lui enlever sa soeur.



    Chapitre Sixième :

    Le lendemain, le couple Royal ne se retrouva que dans la salle du Trône où la première journée de règne devait symboliquement se passer. Cilinör semblait misérable et fatigué, Sirilatie, elle, avait l’air rayonnante. Une légère rougeur passa sur ses joues quand elle vit Kaleb l’attendre dans la salle du Trône. Il la salua :

    - Ceci est ma dernière journée en tant que Vizir d’Hir... Aujourd’hui, vous devrez choisir de nouveaux membres de votre «personnel», lui expliqua-t-il en murmurant. Oh, et.. désolé pour la dernière fois... je ne voulais vraiment pas...
    - Ce n’est pas grave, vous ne pouviez pas savoir... Et merci pour les informations, fit-elle en s’asseyant sur le Trône qui avait appartenu à sa mère.

    Les Sages étaient assis au bas de l’estrade, devant quelques tables sur lesquelles de nombreux papiers s’étalaient. Cilinör s’assit sur le Trône qu’avait jadis occupé Hir. Sirilatie entendit Kaleb grincer des dents derrière elle.

    Comme l’avait annoncé le Vizir, le Roi et les Sages débattirent sur des choses futiles comme qui serait le nouveau chef-cuisinier ou bien qui s’occuperait du ménage de la chambre royale... Jamais, au grand jamais, ils ne se tournèrent vers elle pour lui demander son avis. Etait-ce donc ça, être Reine ? Etre une potiche ignorée de tous ? Assister, impuissante, aux discours d’hommes qui n’ont pas envie de partager leur futile pouvoir ?

    - Je pense, fit un des Sages, qu’il faut un nouveau général de la Garde...
    - Pourquoi donc ? fit soudain Sirilatie. Sa voix résonna étrangement sur les murs de glace. Elle fut surprise par son propre reflet : elle avait l’air si autoritaire tout à coup !
    - Eh bien, fit le Sage, surpris autant qu’elle, parce qu’elle a échoué à sauver votre bien-aimé père...
    - Personne n’aurait pu le sauver. La flèche est arrivée trop vite, de plus, elle était empoisonnée, un simple contact et il pouvait mourir, répliqua-t-elle.
    - Je doute de... commença le même Sage.
    - Il n’y a rien à douter ! La fidélité d’Iiray est sans limite. Ceci n’est pas du népotisme, Iiray a les capacités de commandement d’un général, elle sait se battre et est ma femme-lige. De plus, elle se fait respecter par ses hommes... Je pense qu’elle est la meilleure à ce poste.
    - B-bien, fit le Sage.

    Puis, le débat repartit. Un petit sourire victorieux orna un instant les lèvres fines de la jeune fille. Puis, elle se perdit à nouveau : pourquoi un Roi a-t-il besoin de savoir si le menu leur serait soumis une heure ou deux avant le repas ? Des gens devaient mourir de faim et de froid ! Elle le savait, elle en recueillait souvent au Temple...

    - Nous n’avons pas besoin d’un Vizir, déclara Cilinör.
    Elle sentit Kaleb se crisper derrière elle.
    - J’en ai besoin, déclara-t-elle.
    - Chérie, tenta-t-il de la raisonner maladroitement.
    - Tiens donc, on m’appelle chérie après m’avoir traitée de gamine hier soir... Quel étrange retournement de situation... Néanmoins, j’ai besoin d’un Vizir avisé. Kaleb, qui a servi mon père me semble tout à fait apte à ce poste.

    Personne n’osa discuter et la journée continua.
    Une mauvaise journée. La première journée de règne était une mauvaise journée. Ces Sages.. les prenaient-ils donc pour les maîtres d’une grande maisonnée ? Où étaient les plans destinés à rendre la Ville meilleure ? Qu’en était-il des assassins de son père ?

    Ma Reine ! Ma Reine !

    La jeune femme se retourna pour tomber nez à nez avec son Vizir. Il avait couru et était un peu décoiffé :

    - Voici le dossier que je voulais vous apporter... avant. Excusez-moi d’insister, mais... il est important... Votre père y tenait beaucoup...
    - Je l’examinerai ce soir-même. Merci.
    - C’est à moi de vous remercier, fit-il.

    Elle lui sourit avec franchise et continua sa route avec le dossier dans les mains.

    Il s’agissait d’un problème concernant le prix du pain. Il était sans cesse en augmentation et certaines familles ne pouvaient plus se procurer cette denrée essentielle. Sirilatie l’examina, assise dans son cabinet, à l’abri des regards. Liam était partie visiter le Château après tant d’années d’absence et elle préférait ne pas savoir où était son mari. Elle ne décida se se coucher que quand tout le Château semblait endormi.
    Quand elle se glissa dans les draps en chemise de nuit, elle sentit le corps de son mari en sortir. Elle lui jeta un regard accusateur dans la nuit et lui tourna le dos. Il quitta la chambre.

    Le lendemain, quand elle se réveilla, il dormait à poings fermés dans le lit. La Reine se leva et se prépara avant de prendre le dossier et de se rendre à la salle du Trône. En chemin, elle croisa Kaleb :

    - J’ai examiné le dossier. La situation est effectivement préoccupante : je ne laisserai pas mon peuple mourir de faim... Cependant, je ne vois pas d’où vient le problème, connaissons-nous une famine en ce moment ?
    - Je vous suggère de vous pencher sur les marges des prix, fit très respectueusement son Vizir.

    Il lui ouvrit la porte de la salle et la ferma derrière elle.
    Contrairement à son Vizir, les Sages demandèrent où se trouvait le Roi. Elle se contenta de dire qu’il dormait encore et qu’elle n’avait pas eu le coeur de la réveiller. Il ne parut pas de la journée.
    Sirilatie suivit les conseils de Kaleb et découvrit des marges énormes et inutiles. Elle ordonna qu’on les réduise. Pour les autres problèmes, elle eut plus de mal à prendre des décisions seule et ne parlait qu’après de longues réflexions. Les regards que se jetaient les Sages étaient mauvais, inquiets...
    La Reine-Fleuve prenait les rennes du pouvoir... à leur grand déplaisir...
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MessageSujet: Re: Sirilatie, votre Reine-Fleuve   Sirilatie, votre Reine-Fleuve Icon_minitimeJeu 27 Mai - 5:02

  • Chapitre Septième :

    - Un espion, fit le Vizir. Il vous faut un espion.
    - Cela est-il vraiment nécessaire, je...
    - Si les choses sont vraiment comme vous le dîtes, je crois que c’est la meilleure des solutions.
    - Mais où en trouver ?
    - Oh, cela n’est pas un problème, demandez-moi d’en trouver un, je vous prendrai le meilleur.
    - D’accord... Trouvez-moi un espion pour savoir ce que mon mari fait la nuit, Kaleb.
    - Bien, ma Reine.

    Les derniers mois, Sirilatie commençait à assurer son pouvoir. Elle avait certains mécanismes et était déjà plus sûre d’elle. Kaleb lui était d’une grande aide et elle appréciait sa compagnie. Iiray la chariait souvent avec ça et Sirilatie se prenait toujours à rougir. Les Sages étaient de moins en moins coopératifs, surtout quand elle avait décidé de s’asseoir sur le Trône de son père et non plus au Trône destiné aux femmes. Mais elle avait décidé que, si elle voulait vraiment être la Reine, elle devait faire ce qui lui semblait bien et comme elle avait le sang d’Hir dans ses veines, elle avait le droit de s’asseoir sur son Trône.
    La Reine-Fleuve attendait son Vizir et son espion dans le jardin, pieds nus comme à son habitude. Une jeune femme tout de noir vêtue arriva à la suite du Chevalier. Elle s’agenouilla mais elle vit bien que l’espionne n’était pas du genre à se soumettre. Sirilatie passa les présentations et l’étiquette pour attaquer directement :

    - Les informations que tu auras à récolter seront secrètes et dérangeantes. Je ne peux pas me permettre qu’on sache ce que fait le Roi la nuit. Ainsi, si tu acceptes la mission que je vais te donner, tu devras rester au service du Château et n’avoir jamais d’autres employeurs que les personnes qui y vivent. En échange, je t’offre le gîte, le couvert et une certaine liberté de tes vas et viens. Accepte-tu le marché ?
    - Oui, répondit catégoriquement. Cela plut à la Reine.
    - Ce soir, avant de me coucher, je sonnerais et tu m’apporteras un verre d’eau. En réalité, ceci n’est que couverture, dès que tu sortiras, tu te dissimuleras dans l’ombre du couloir. Le Roi sortira très vite. Suis-le où qu’il aille et ne le lâche pas d’une semelle jusqu’à ce qu’il passe à nouveau la porte de la chambre, est-ce entendu ? Ensuite, tu me raconteras tout, dans les moindres détails, est-ce compris ?
    - Je serais son ombre, je serais l’ombre qui l’entoure, je serais l’ombre qu’il ne verra jamais parce que les hommes sont incapables de discerner l’ombre et les poignards qui se planteront dans leur dos un jour, ma Reine.

    Elle prit cela comme une acceptation de sa demande et prit congé.
    Voilà où elle en était réduite : son mari dormait la journée, elle devait régner seule et la nuit, dès qu’elle se glissait dans les draps, il se levait, s’habillait et partait. Cela l’attristait : elle voulait avoir un héritier au plus vite ! Elle pouvait mourir elle aussi à chaque instant et alors la Ville perdrait avec elle, le sang du Roi à la Crinière rouge. Sirilatie commençait même à considérer avec sérieux la proposition de sa soeur : prendre un amant. Mais qui ? Qui serait assez discret et digne de confiance ? Elle avait peur : à chaque fois, un nom revenait, Kaleb, son Vizir, accompagné d’images indignes d’une jeune Reine mariée. Alors, elle chassait cette idée de sa tête et continuait à tourner en rond. Hir n’avait pas eu tous ces problèmes ! Que lui aurait-il dit en cette occasion ? Qu’aurait-il fait ? Oh, si seulement il pouvait être à ses côtés !

    Le soir, elle s’assit, comme d’habitude dans son cabinet pour réfléchir à une sécurité renforcée contre les bagarres de rues, de plus en plus violentes. Elle régla le problème assez vite en installant des gardes dans les coins dangereux après la tombée de la nuit, puis décida d’aller se coucher.
    Comme promis, elle sonna son espionne et se changea. A peine entrait-elle dans sa chambre que la jeune femme arrivait avec un plateau sur lequel se tenait un verre d’eau. Sirilatie la remercia et bu un peu avant de poser le verre d’eau sur sa table de chevet et la «congédia». Elle se glissa dans le lit et, comme d’habitude, son mari en sortit aussitôt. Cette fois-ci, la Reine s’endormit paisiblement.

    Or, au beau milieu de la nuit, des bruits de pas la réveillèrent. Une sensation de mal-aise planait sur elle et elle avait l’impression de revivre la nuit de son enlèvement. Elle décida qu’elle devait aller prendre l’air. En chemise de nuit, donc, elle sortit de sa chambre et marcha dans le couloir en direction du jardin. Au détour d’un couloir, soudain, deux bras se saisirent d’elle et l’attirèrent contre un corps musclé. Elle essaya de se débattre avec toute la force dont elle était capable. Essayait-on de l’enlever à nouveau pour l’écarter du pouvoir ? Elle ne voulait pas ! Une voix à son oreille la calma :

    - Ma Reine, ma Reine, c’est moi, Kaleb ! Calmez-vous, vous allez nous faire repérer...

    Sirilatie se calma aussitôt et se mit à rougir dans le noir. Ainsi c’était contre SON corps que le sien se trouvait... Il lui désigna deux silhouettes blanches un peu plus loin dans le couloir. La Reine essaya de se concentrer le plus possible sur eux et non pas sur la proximité de Kaleb.

    Deux Sages discutaient :

    - Il nous faut une autre flèche empoisonnée. Une suffit pour terrasser le lion qu’était Hir, elle n’y survivra pas une seconde.
    - Peux-tu nous l’avoir pour le discours de la Reine sur la place publique ?
    - Bien sûr ! Un homme sera placé sur le toit.
    - Il ne se fera pas repérer ?
    - Avec une arme à feu, il se serait fait repérer, oui, car il y aurait eu des reflets, mais pas avec un arc...
    - Parle moins fort on pourrait nous entendre !
    - Oh, c’est bon, il n’y a pas personne à cette heure-là !
    - Et pour demain, on fait quoi ?
    - Pourquoi ne pas lui proposer une soirée ?

    Les deux Sages les dépassèrent.
    Sirilatie s’écarta de Kaleb mais dut s’appuyer au mur pour ne pas défaillir. Le Vizir vint à son aide et passa son bras autour de ses épaules pour la soutenir :

    - Ne vous inquiétez pas, ma Reine, maintenant que nous savons tout cela, vous pouvez y échapper !
    - Et comment ?! fit-elle le moins fort possible. Ils vont me transpercer avec une flèche empoisonnée comme mon père ! Je suis encore moins solide que lui, je vais en mourir dans la seconde !

    Kaleb planta avec un gravité ses yeux dans les siens :

    - Quoiqu’il arrive, ma Reine, je vous promet que je ne vous laisserai pas mourir.... Jamais, je ne l’accepterai pas... Vous allez vivre... J’ai d’ailleurs une assez bonne idée...

    Le lendemain, la Reine et le Vizir firent comme si de rien n’était. Ils commencèrent leur journée normalement et reçurent l’espionne après le repas de midi, le seul moment où ils pouvaient être seuls. La jeune femme s’agenouilla et Sirilatie lui fit signe de passer tout de suite à son rapport :

    - Eh bien, le Roi est sorti et a marché dans les rues vers un but bien précis, l’auberge. (Sirilatie retint un petit soupir désespéré) Il est entré et tout le monde l’a acclamé comme un habitué. Il se fait passer pour un soldat, Joog est son nom d’anonymat. Il a payé une tournée et a bu pendant au moins une heure et racontant des blagues salasses, d’ailleurs, il y en avait des très bonnes, vous voulez que je vous en raconte une ? ( Sirilatie lui fit signe de passer.) Après, il y a une prostituée qui est entrée. C’est Eanör, la prostituée la plus célèbre du Itiaï ! Elle est arrivée et s’est jetée dans ses bras ! Comme ça, naturellement. Il lui a payé et un verre et ils sont montés sous les acclamations des autres saoulards (Sirilatie pâlit dangereusement). Ensuite, il l’a déshabillée et...
    - Kaeda, on se passera de ça, fit calmement Kaleb.
    - Enfin, je sais pas moi, vous m’avez demandé tous les détails...
    - Il lui a fait l’amour et il est reparti, c’est ça en gros ? demanda Kaleb.
    - Non, non, il lui a fait l’amour, il a bu et il est reparti, corrigea Kaeda.

    Kaleb la congédia gentiment et la Reine, d’une voix mal assurée, la remercia pour ses services et lui promit à nouveau le gîte, le couvert et la liberté.
    Dès qu’elle quitta la salle, la jeune femme se mit à pleurer. Elle était incapable de retenir ses larmes plus longtemps. Elle craquait. Déjà, son père était mort, lui laissant sur les épaules un lourd fardeau, si en plus, les personnes censées l’aider essayaient de la tuer comme ils avaient tué son père et son mari préférait coucher avec des prostituées et boire... Elle se sentait seule, si seule et si impuissante. La main de Kaleb, forte sur son épaule lui arracha un pauvre sourire à travers ses larmes.

    - N’y-a-t-il donc personne qui veuille être attaché à moi ? Mon mari couche avec la première pute venue, mes conseillers essayent de me tuer... Je... Je n’en peux plus, plus du tout... Je suis incapable de régner ! Iiray aurait du me laisser dans le Temple...

    Son Vizir s’agenouilla à ses côtés et, très doucement, passa une main dans ses longs cheveux bleus :

    - Vous savez pertinemment que c’est faux ma Reine. Les Sages veulent vous tuer parce que vous représentez une trop grande menace pour eux. Vous êtes trop puissante, ils doivent mettre fin à votre vie le plus vite possible. Et si votre mari vous trompe, c’est sans doute parce que vous devez l’impressionner aussi...
    - Je crois que vous êtes trop romantique, Kaleb, fit doucement Sirilatie.
    - Je crois en vous, tout simplement. Et même si ces personnes ne tiennent pas à vous, moi, quoiqu’il arrive, je tiendrai à vous et serai toujours à vos côtés...
    - Merci, Kaleb, merci beaucoup... Vous m’êtes précieux...

    Il la prit dans ses bras et la serra contre lui pour la consoler. Des lèvres, il forma un muet «Je vous aime, ma Reine» et lui donna un mouchoir pour qu’elle s’essuie les yeux.

    L’après-midi, la Reine fit preuve d’une grande force et d’une grande autorité. Elle ne souffrait plus qu’on la contre-dise et voulait que ses ordres soient exécutés sur le champ. Elle en restait cependant juste et droite. Les Sages se lançaient des regards inquiets. Elle afficha un sourire victorieux.

    Le soir, elle alla se coucher mais, avant que son mari ne se lève, elle lui murmura à l’oreille :

    - Bonne nuit avec Eanör et n’oublie pas de lui faire les salutations de ta femme...

    Puis, elle lui fit dos et dormit très paisiblement.

    - Voilà, ma Reine, ça ne devrait pas être trop gros pour vous...

    Sirilatie se tenait devant son Vizir, en corset, rougissante : jamais personne sinon sa suivante et sa soeur ne l’avait vue ainsi. Mais elle aurait été incapable de le mettre toute seule.
    Kaleb plaça la plaque de métal sur son abdomen et l’attacha par derrière. Puis, il l’aida à mettre sa robe, à ajuster le col afin qu’on ne voie pas l’armure qui devait la protéger de l’attentat qu’elle devrait subir aujourd’hui. Elle était inquiète. N’allait-elle pas mourir tout de même ? Allait-elle laisser le Itiaï en de pareilles mains ? Non ! Elle devait survivre ! Pour sa Ville ! Pour le sang qui coulait dans ses veines ! Elle devait vivre. Elle hocha la tête, indiquant à son Vizir que tout était prêt. Ils sortirent ensemble, suivis d’une Liam très intriguée par tout ce manège.

    La place publique était bondée. Tout le monde voulait voir la Reine. Elle allait prononcer un discours à son peuple pour la première fois depuis des mois de règne. Qu’allait-elle dire ? Qu’allait-elle faire ? On avait installé pour elle une estrade en pierre d’où tout le monde pourrait la voir et l’entendre.

    Le Vizir descendit de la Rolls de la Reine et lui ouvrit la porte. Elle lui sourit légèrement et descendit de la voiture. Elle allait jouer avec sa vie aujourd’hui, elle allait jouer, en quelques sortes avec l’avenir du Itiaï. Son coeur battait la chamade et l’armure pesait lourd contre elle. Kaleb l’aida à monter sur l’estrade où l’attendaient déjà les Neuf Sages avec des faux sourires et la foule ébahie par sa majesté. Elle se tourna vers eux et les salua d’une révérence profonde. Tout le monde l’applaudit : le respect était partagé. Tout son corps tremblait mais elle réussit, par un puissant effort sur elle-même à assurer sa voix :

    - Peuple du Itiaï ! Mon peuple ! Mes frères, mes soeurs ! Je suis ici, aujourd’hui, devant vous pour...

    Elle n’avait pas prévu, en revanche que tout s’enchaîne si vite. La flèche surgissait déjà du toit à sa droite. Elle sentit alors la détresse que son père du sentir quand il vit le trait siffler comme un serpent qui va mordre. Elle ne chercha pas à l’éviter et tomba sous le choc de l’impact.
    La flèche avait déformé le métal et elle devait se retenir de respirer au maximum pour que son coeur ne rencontre pas la pointe qui perçait presque l’armure. Elle sentit les bras puissants de son Vizir l’entourer et la soulever à moitié. Il fit semblant de prendre son pouls et secoua la tête négativement. La panique sembla s’emparer de la foule. Sirilatie garda les yeux fermés et Kaleb ne retira pas son étreinte.
    La voix désagréable d’un des Sages résonna pour calmer la foule et déclarer :

    - Hir, le Roi à la Crinière rouge était malade quand il a décidé de mettre sur le Trône sa fille cadette ! Nous avons du l’éliminer.... Hélas, cette gamine que vous appelez la Reine-Fleuve a tout de même réussi à monter sur le Trône qu’elle ne méritait pas ! Mais à présent, tous les soucis sont passés ! Nous allons révolutionner le Itiaï : ce ne seront plus que deux personnes qui régneront égoïstement sur la Ville mais une assemblée composée de mes frères que voici et moi !

    Kaleb profita que tous soient fixés sur les Sages, d’accords ou pas avec ce qu’ils disaient pour lui murmurer à l’oreille :

    - Je vais retirer la flèche, ma Reine, ça risque de faire un peu mal, mais ne faîtes rien, je vous en prie avant que vous n’entendiez la flèche tomber sur le sol.

    Discrètement, elle eut un léger signe de tête pour lui montrer son accord. La flèche sembla rentrer un peu plus profondément puis sortit d’un geste brusque. Elle se tendit entièrement pour ne pas bouger. La flèche tomba sur le sol avec un bruit sourd. Elle ouvrit les yeux.
    Tous les regards se tournèrent vers elle quand elle se releva, comme un phoénix se relève de ses cendres, comme une Reine que tous croyaient disparue, comme le spectre féminin d’Hir. Le Sage qui parlait se figea et se tourna, effrayé vers le visage de glace de la Reine.

    - Je suis en colère, Sage, fit-elle durement. Vous êtes coupables du meurtre d’un Roi aimé de tous, d’un père, d’un mari... Vous avez essayé de tuer votre Reine alors qu’elle était apparemment sans défense. Vous avez voulu éradiquer les lois ancestrales du Itiaï. Je suis en colère et le prix de ma colère, Sage, est la mort. La mort par noyade dans l’Océan pour vous et vos frères. Je suis en colère et je serais sans pitié.

    Une partie de la population se mit à protester tandis que des Gardes s’emparèrent des Sages, encore sonnés par la «renaissance» de la Reine. Celle-ci se tourna vers son Vizir. Il comprit et lui prit la main, l’emmenant loin de l’agitation de la population. Il est fatiguant de mourir et de revenir du royaume des morts.
    De retour au Château, Sirilatie fut accueillie par Iiray :

    - Merde ! J’aurais du être là ! Je les aurais mis en pièces ces vieux ! J’y crois pas ! Ces abrutis ont essayé de te tuer, s’ils y avaient réussi, je me serais mise à la torture pour leur faire payer leur outrage ! Tout va bien ? T’es pas blessée ?
    - J’avais tout prévu, Iiray, ne t’inquiète pas... Je suis juste un peu fatiguée, je vais aller me reposer.
    - Sirilatie, la rappela-t-elle.
    - Oui ?
    - Si les Sages t’avaient fait le moindre mal, je m’en serais voulu toute ma vie. Alors t’avises pas de crever, d’accord ?
    - C’est promis, Iiray, c’est promis.

    Dès que Sirilatie s’éloigna un peu, le général retint Kaleb par la manche et lui dit le plus discrètement possible :

    - Je crois que c’est le bon moment, tu sais, pour la Reine... Dans la salle avec le prétexte du dossier, c’était pas terrible, mais là, t’as un argument d’enfer, alors vas-y.

    Ils rirent un instant ensemble :

    - Et t’avise pas de lui faire le moindre mal, sinon tu pourras plus jamais faire à une autre fille ce que tu vas lui faire, on se comprend.
    - Je vous promet, général ! fit-il en faisant un salut en riant.

    Kaleb raccompagna la Reine a ses appartements. Il l’aida à se déshabiller et à retirer son armure. Elle enfila un peignoir par dessus son corset. Le Vizir allait la quitter avec l’armure pour qu’elle puisse se reposer quand elle le rappela.

    - Ma Reine ?
    - Hélas, il faut que vous m’aidiez une dernière fois aujourd’hui, fit-elle visiblement gênée.
    - C’est mon devoir.

    Elle s’assit sur son lit, regardant ailleurs. Kaleb essaya de ne pas faire une fixation sur ses jambes nues.

    - Iiray m’a conseillé, il y a quelques mois que je prenne un amant pour donner un héritier au Itiaï, étant donné que mon mari... enfin, vous comprenez...
    - Je ne vous comprends qu’à moitié, ma Reine, j’en suis navré, fit-il, sentant la gêne l’atteindre aussi.
    - Au début, je pensai que c’était une blague, vous savez, mais, des mois ont passé et, je considère plus sérieusement cette proposition... Mais voyez-vous, je suis... encore vierge... et, je ne voudrais pas que cela s’ébruite...
    - Voudriez-vous que je vous trouve un prostitué ? demanda Kaleb, inquiet.
    - Non ! s’écria-t-elle, bien sûr que non... Je ne m’abaisserai jamais à cela... Je voudrais que vous me trouviez un amant... discret, sympathique, gentil, compréhensif... Chevalier... qui manie assez bien les armes... brun... Elle releva la tête vers lui. Dois-je continuer ?

    Il sentit son coeur rater un battement. Elle prit cela pour du dégoût et cacha la rougeur de ses joues avec ses cheveux. Aussi, quelle fut sa surprise, quand il tomba à ses genoux, n’osant à peine poser ses mains sur sa peau si pâle et délicate :

    - Ma Reine, je...
    - Je crois que Sirilatie conviendrai mieux à l’occasion, le corrigea-t-elle avec un petit sourire.
    - Sirilatie, je t’aime, enfin, je peux te le dire, je t’aime ! fit-il, osant enfin poser ses mains sur elle.

    Elle retira les gants métalliques qu’il portait et s’abandonna au baiser brûlant qu’il lui donnait... Les paroles de son père lui revinrent : C’est ta récompense : tu as su trouver la beauté au milieu du sang et de la destruction, tu ne t’es pas laissé berner par les apparences... Ce bijou est ta récompense. Elle eut un petit sourire, les occasions étaient bien différentes mais les paroles d’Hir restaient universelles.

    Frôler la mort n’est qu’un faire-valoir de ce qu’est profiter de la vie.



    Chapitre Huitième :

    Sirilatie était nue dans les draps, la tête posée dans sa paume ouverte. Elle regardait son amant se rhabiller à la lumière d’une unique chandelle. Elle l’aimait. C’est tout ce qu’elle pouvait dire pour résumer tout ce qu’elle ressentait pour lui. Il déposa un dernier baiser sur ses lèvres attirantes et lui murmura :

    - A bientôt, ma Reine.
    - Je me languis déjà de vous voir à nouveau, fit-elle.
    - Dormez à présent, reprenez des forces : la journée sera longue demain, nous avons des exécutions, des affaires à régler, un système à réformer... Au fur et à mesure qu’il la regardait droit dans les yeux, il semblait énumérer des choses de moins en moins professionnelles, de longues heures à parler en tête à tête des... affaires de la ville... à avoir des... entretiens privés dans votre cabinet personnel...

    Soudain, des bruits de pas lourds résonnèrent dans le couloir. Sirilatie se redressa vivement :

    - Le Roi ! Vite, il faut vous cacher !
    - Ce n’est pas la peine, ma Reine, s’il me demande des comptes, je lui dirais que je vous... soignai....

    Elle eut un petit sourire narquois et laissa partir son amant non sans un dernier baiser.
    Quand le Roi rencontra le Vizir sortant de la chambre du couple royal, il n’était pas très sobre, mais lui demanda tout de même ce qu’il faisait là :

    - Ce que vous ne faîtes pas, tout simplement, lui répondit Kaleb avec un grand sourire.
    - Ces vizirs, ils disent n’importe quoi, marmonna Cilinör en entrant.

    Il trouva une ravissante jeune femme, nue entre les draps en train de s’étirer. Il eut un petit choc. Au début de leur mariage, il avait eu l’impression de se marier avec une enfant. A présent, il trouvait une vraie belle jeune femme dans son lit. Il essaya de se déshabiller lamentablement : il avait passé toute la nuit à boire. Elle eut un petit rire et se leva, prenant son peignoir qui avait été délaissé au pied du lit.

    - Alors, vous avez passé une bonne nuit en compagnie d’Eanör ? fit-elle sournoisement.
    - Euhm, ouais, ouais, ça allait, fit-il pâteusement. Et vous ?
    - Très bonne nuit, oui. Bon, je vais régner, dormez bien.

    Elle se sentait prête à attaquer des montagnes. Elle se prépara et se rendit à la Salle du Trône où l’attendait déjà son Vizir. Sa mine était grave. Elle perdit tout de suite son sourire :

    - Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.
    - Une Ligne. Ils ont tués tous les gardiens qui se trouvaient aux alentours et ont tracé une ligne coupant la ville en deux avec leur sang. Ceci dit, il nous reste tout de même un peu plus de territoire, mais ils sont puissants.
    - Qui ?
    - Les Opposants. Ceux qui sont du côté des Sages. Ceux qu’on a sont exécutés aujourd’hui.
    - Effacez-moi cette Ligne immédiatement, fit-elle durement.
    - C’est impossible ma Reine. Nous avons déjà essayé et des personnes qui vous sont fidèles essayent toujours de l’effacer mais cela semble impossible...
    - Cette Ligne est une honte ! Comme si on m’enlevait une partie de moi-même !
    - Cette ligne sera effacée le plus vite possible, lavée par le sang des Opposants, lui promis Kaleb.
    - Ils veulent la guerre, ils veulent ma tête... Qu’ils viennent la chercher ! Et qu’ils se heurtent à la Reine-Fleuve ! s’écria-t-elle avec une force digne de son père.

    Alors, à présent, qu’importe ce que le futur lui apportera, la Reine-Fleuve effacera cette Ligne et redonnera à sa Ville son intégrité. Qu’importe le prix !


    ***
    - Hey ! Alors, Kaleb, quand est-ce que je suis tante ?
    - Demande ça à Sirilatie, mais on compte pas faire d’enfants maintenant...
    - Aaaah, je vois, vous voulez encore profiter un peu ! Pervers, va ! Mais, j’dis que c’est mieux que son impuissant de mari !
    ***

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